L'eugénisme au Japon

L’eugénisme japonais s’est développé bien avant le milieu du XIXème siècle.

En effet, c’est après le passage du régime féodal au régime impérial que la loi interdisant la coutume de l'avortement et de l’infanticide pour contrôler les naissances dans les familles fut instaurée en 1880. Mais le Japon dû faire face à plusieurs guerres dont la Seconde Guerre Mondiale avec la Mandchourie (1937-1945). Pendant cette guerre, la loi contre l'avortement fut renforcée sur demande expresse du gouvernement, afin de favoriser les naissances masculines. Le poste de Ministre de la Santé en 1938, fut crée sur demande de l'Armée de Terre, en favorisant ainsi l'eugénisme. Après sa défaite, le pays connu une expansion démographique car les soldats rentraient à l’Archipel. Le Département de Prévention mit en place une liste favorable et exhaustive en prohibant les familles possédant depuis quatre générations des maladies d'ordres psychologiques (spectre du trouble schizophrénique, trouble dépressif , troubles addictifs -cf : « Cela remuait en lui tout un inconnu d’épouvante, le mal héréditaire, la longue hérédité de saoulerie, ne tolérant plus une goutte d’alcool sans tomber à la folie homicide. » , Germinal à propos d'Etienne Lantier fils des Rougons Macquarts etc.), ou encore infectieuses notamment la maladie de Hansen (plus connue sous le nom de la lèpre) ou bien d'ordres génétiques et chroniques d'avoir une descendance. Pour les hommes remplissant les "critères" de ce que le Département de Prévention a mit dans cette liste, a été introduite la notion de stérilisation des moins de vingt-cinq ans avant de rallonger l’âge de cette interdiction de cinq ans, et ainsi réduire le taux de natalité. Alors, la loi de protection eugénique de 1948 est votée au Parlement (La Diète). Dans son premier article, la loi annonce son désir d'un "japonais parfait" : "cette loi vise la prévention de la naissance de descendants défavorables au point de vue eugénique".

De plus, si l'on ne pouvait obtenir les consentements de ceux souffrant des dites maladies, on pouvait passer outre et les stériliser par la force. Par ailleurs, il y eut une recrudescence de la stérilisation forcée après avoir atteints leur maximum en 1955-1956 . Cependant, l’avortement illégal n’avait pas disparu, et il a fallut ajouter une aide économique pour les couples afin de favoriser la demande d’intervention d’un médecin compétant pour diminuer l’illégalité de cette pratique. Au XX ème siècle, la recherche de la "qualité japonaise" augmenta , et on rajouta par la loi l'interdiction aux analphabètes de procréer.

Devenir le peuple de "qualité supérieure" était un souhait, une idée qui découlait aussi de Galton, qui inspira beaucoup d'auteurs japonais pour ou contre cette « loi de l’ idéal ». Ceux d'accord avec ses écrits étaient majoritairement pour que le contrôle des naissances soit appliqué dès la naissance. Ils considéraient en effet l’hérédité comme un facteur ennemi qui entravait la « qualité japonaise », comme le disait l’essayiste japonais Hitomi YAMAGUCHI« l'hérédité décidait de la qualité d'un individu ». Les féministes étaient aussi très actives dans le débat sur l'eugénisme.

Certaines voyaient en cette loi de 1948, un moyen de baisser les naissances dans les milieux défavorisés, car, "l' enfant n'est pas à des parents mais à la société"-ELLEN KEY-. L’aide économique apportée aux avortements ou avortements avec anomalies prénatales gênaient les conservateurs nationalistes japonais qui décidèrent d’éliminer cette aide. Ils l’acceptaient cependant pour la femme qui donnerait naissance à des enfants handicapés. Puisque ces derniers étaient considérés comme un frein au développement de l'Etat qui se reconstruit après ses défaites de 1937-1945. La Diète, nom donné au parlement japonais, ajouta et n'autorisa ainsi que l'avortement pour raison médicale suivant le pronostic du dépistage prénatal. D'autres ajouts à cette loi comme celle donnant l’accès gratuit aux femmes à l’amniocentèse, fut pris en compte, après qu'une mère mis fin à la vie de son enfant parce que celle-ci ne souhaitait pas "donner la vie à un enfant de misère ». Mais, les manifestations d'associations notamment celle d'Aoi-Shiba no kai (l'association des Herbes Vertes) pour handicapés moteurs cérébraux avec pour slogan " c'est naturel pour un enfant handicapé d'être tué par ses parents ? » ont changés la vision de la société japonaise, sur le bien fait de l'eugénisme pour l'Archipel nipponne. C'est ainsi, que cette loi fut révisée en 1996, en éliminant tous les articles favorables à l'eugénisme positif. La notion du « peuple désirable » était enfin abolit.

En conclusion, l'eugénisme japonais fut construit par la société elle-même pour renforcer un sentiment de retard sur ses voisins occidentaux, notamment les grandes puissances mondiales comme les Etats-Unis.
Ceci s’explique par un souhait toujours actuel japonais de faire passer l'intérêt national avant l’individuel.