Un eugénisme européen négatif au XXème siècle

L’Eugénisme est l'un des principes fondamentaux du régime Nazi. 
En effet, les juifs, handicapés, homosexuels et les tziganes considérés comme que des « individus racialement non conformes »  furent persécutés et exterminés (-cf: génocide) , dans le but  de créer le peuple de « race supérieure de Germains nordiques » qui devait, constituer la future élite du troisième Reich censé durer mille ans ... (D'après les Nazis).
 Cette "race parfaite" se caractérisait par des individus grands, blonds, aux yeux clairs et ne comportant aucune anomalie physique ni déficience mentale. Les individus considérés « racialement valables » étaient incités à donner leurs enfants au Reich et des lois leur interdisaient l’avortement.

I. Euthanasie et stérilisations forcées des handicapés :
1-Idéologie de l’ époque,
Au début du XXème siècle, de nombreuses maladies «transmises par les parents» étaient déjà identifiées.
De plus, un mouvement d’idées se démocratisait dans le monde « l’eugénisme ». Ce mouvement d'idées consistait à penser que les « déchets sociaux » et autres « tares héréditaires » pourraient disparaître progressivement si on  les empêchait  de se reproduire. 
2- Idéologie nazie et lois :
D’après le régime Nazi, seuls les individus « valides », servant le Reich étaient libres (cf lois de Nuremberg) : « est citoyen allemand exclusivement le ressortissant de sang allemand ou apparenté qui prouve par sa conduite qu'il est enclin à servir fidèlement le peuple et le Reich allemands (.....)
Les personnes touchées par un handicap n’étaient  pas désirables, dans un  premier temps, elles coûtaient bien trop cher au Reich (selon lui) sous la pression de l’économie.De la propagande homophobe était véhiculée dans les écoles et sur des affiches afin de diffuser les idées nazies.
Voici l'énoncé d'un exercice scolaire : 
« Un malade mental coûte quotidiennement environ 4 Reichsmarks, un infirme 5,5 RM, un criminel 3,5 RM, un apprenti 2 RM. Faites un graphique avec ces chiffres (D'après de prudentes estimations,) il y aurait en Allemagne 300.000 malades mentaux, épileptiques, etc. qui reçoivent des soins permanents. Calculez combien coûtent annuellement ces 300.000 malades mentaux et épileptiques. Combien de prêts non remboursables aux jeunes ménages à 1.000 RM pourrait-on faire si cet argent pouvait être économisé ?"





Affiche de propagande nazie (traduction de l'allemand:" Chaque jour, un malade héréditaire coûte 5,5 reich mark à l'état / pour 5,5 reich mark , une famille "de sang pur" peut vivre un jour")

D’après l'énoncé scolaire, ainsi que, l'affiche de propagande nazie, nous pouvons déduire que le régime nazi accuse les handicapés de freiner la société et de nuire au bien être des « citoyens du Reich ».Selon les nazis, les handicapés coûtent «bien trop cher» à l’état Radical et « improductifs », "ce sont des bouches à nourrir inutiles". 

De plus, les personnes handicapées en raison d’une  « hérédité dégénérée ou défectueuse » étaient  selon le parti Nazi, à l’origine de la  « dégénérescence du patrimoine génétique Allemand ». En effet, sous  l’influence  des idées darwiniennes de sélection naturelle,(-cf -Darwin: « la lutte naturelle pour la vie, ne laisse subsister que les plus forts et les plus sains »),de la génétique naissante et du  rationalisme scientifique ( Comité d’hygiène raciale prussien),les dirigeants du troisième Reich ont interprétés que: « La nature ne destine à vivre que les meilleurs et anéantit les faibles » (Mein Kampf
Dès le 15  juillet 1933 , six mois après la prise  du pouvoir en Allemagne par le Parti National Socialiste, la loi d'hygiène raciale fut votée par le Parlement allemand.
«  (§1) Quiconque est porteur de maladie héréditaire peut être stérilisé par des moyens chirurgicaux quand, d’après l’expérience médicale, il est hautement probable que la descendance de cette personne souffrira de graves maladies mentales ou de sévères malformations physiques »
 Huit catégories de maladies étaient concernées par cette loi .
Dont la faiblesse d’esprit congénitale et  l’alcoolisme sévère.(qui n’est pas une maladie génétique. )
3-témoignage et pratique de la stérilisation:
Une femme sourde témoigna  des conditions de sa stérilisation forcée en expliquant que l’on  retirait l'utérus aux femmes, une vasectomie était imposée aux hommes Ainsi disait-elle que sur les 100.000 sourds allemands , le tiers avait été stérilisé. Ainsi furent stérilisés plus de 40 000 handicapés.
4-La pratique de l’euthanasie :
L’organisation de la mise à mort des handicapés. Le 18 août 1939, le ministère de l'Intérieur du Reich publia un décret stipulant que Le personnel médical devait signaler tout nouveau-né ou enfant présentant les signes d'un lourd handicap mental ou physique.
A partir de 1939, les parents d’enfants handicapées furent encouragés par les autorités sanitaires  à placer leurs enfants dans des centres  « spécialement conçus pour eux ». En réalité, ces centres spécialisés pour enfants handicapés n’étaient autre que des centres de mise à mort programmée. En effet, les enfants mourraient de faim ou par l’ingestion médicaments mortels.
 

Les enfants « handicapés mentaux » à Schwäbisch Hall en 1930.
                                    
Des enfants « handicapés mentaux » dans un institut.

Le programme d’euthanasie se déploya  et fut nommé T4. Six instituts de mise  à mort en Allemagne et en Autriche furent instaurés . Les handicapés, y étaient gazés ou  recevaient des injections médicamenteuses mortelles. Cependant, la mise à mort était  « trop longue » et les malades furent par la suite ensevelis dans des fosses communes recouvertes de tombes. Leurs cendres étaient ensuite envoyées aux familles n'étant pas au courant des évènements , accompagnées de faux motifs de décès et de lettres de condoléances.
De 1940 à 1941 environ 70 000 décès d' handicapés  furent dénombrés. Un nombre qui suscita de nombreuses rumeurs venant des familles et du clergé ,obligeant Hitler de mettre fin au programme d’extermination T4 le 25 août 1941. Cependant, l’extermination des enfants ainsi que certains patients de gériatries et blessés de guerre se prolongea  par d’autres moyens plus discrets (comme la mort par la faim ou les injections médicamenteuses).Au total, on compte environ 100 000 handicapées victimes du programme T4.

II.stérilisations forcées et euthanasie des juifs :
1-Idéologie nazie et lois  
Dès l’arrivée du régime nazi au pouvoir, les libertés des citoyens allemands se voient considérablement réduites, et cela en particulier pour les Allemands Juifs. 
Pour commencer, « quiconque était issu de trois grands parents juifs par leur "race"  était " juif.  
Les mariages entre "juifs" et ressortissants de "sang allemand" ou assimilé étaient interdits. Nous pouvons donc déduire que les juifs n’étaient pas considérés Allemands par le Reich. 
Ensuite, toujours selon les lois de Nuremberg de septembre 1935 , « Les relations extraconjugales entre  Juifs et citoyens  de sang allemand ou assimilé sont interdites ».
Selon le régime Nazi , les juifs « contaminaient le sang Allemand » Pour les Nazis les juifs étaient « des parasites »,  « infectés par le typhus, les poux et les puces » , « des violeurs » Cependant les accusations portées contre la « race juive » sont fausses: être juif ne se transmet pas par le sang comme l'affirment les Nazis mais cela signifie avoir des convictions et des croyances religieuses non liées au sang ni au patrimoine génétique.


2-La pratique de la stérilisation
Le « Rapport Jäger »( décembre  1941), est  un rapport écrit par le chef SS Karl Jäger qui fait un bilan des exécutions de juifs effectuées par l’Einsatzkommando 3 en Lituanie. Ce rapport de massacres (génocidaires) infligés aux juifs par les einsatzgruppen relate l’importance de la stérilisation des juifs aux yeux du  colonel SS Karl Jäger. Le colonel préconise de«  stériliser immédiatement  les juifs travailleurs de sexe masculin pour éviter toute reproduction » et de « liquider »les juives qui seraient amenées à « tomber enceintes ».En effet, selon le commandant Karl Jäger , il faut éviter toute reproduction de " parasites  juifs".


3-La pratique de l’euthanasie : 
Himmler et les hauts dirigeants Nazis songent à la liquidation physique de tous les Juifs du continent européen.L'idée du génocide se concrétisa en  1939-1940  lors de la conquête de la  Pologne  au début de la Seconde Guerre Mondiale.
Le régime nazi avait pour objectif d’agrandir l’espace vital du peuple germanique tout en y éliminant les juifs. Les einsatzgruppen, des commandos nazis étaient chargés d’effectuer des tueries de masse visant des communautés juives entières. Pendant la préparation de la « solution finale »,les juifs furent emprisonnés dans des ghettos .En avril 1940, 165 000 juifs  polonais furent cloitrés dans de ghetto de Lodz en Pologne ou grand nombre d’entre eux mourut de faim.
                                        
Le Ghetto de Lodz en 1940.
 Chelmno, en Pologne, fut le premier camp de mise à mort de juifs ils y étaient asphyxiés par le détournement d’un pot d’échappement. 
Le camp d’extermination d’Auschwitz fut mis en activité durant l’été 1940. A leur arrivée au camp, les juifs étaient rasés, vêtus d’un uniforme et d ’un insigne indiquant leur catégorie de détenu et, logés dans des baraquements en bois nommes Block ,ils attendaient leur mort. 1 100 000 Juifs  trouvèrent la mort dans la fumée d’Auschwitz. Ainsi on dénombre environ 5 185 000 victimes de la Shoah.



                             
Carte des camps d’exterminations et de concentrations Nazis.
III.Le Lebensborn et l’eugénisme de la « race germanique » :
1-Objectifs :
Le Lebensborn ( fontaine de vie ) est un programme criminel organisé par le parti nazi de 1935 à 1945, il a pour but de  "reproduire"  des individus "racialement valables"  dans une totale confidentialité  afin de créer une race allemande correspondant à l’idéologie Nazie. "La race supérieure de Germains nordiques " devait constituer la future élite du troisième Reich,cette race "parfaite" se caractérise par des individus grands,blonds,aux yeux clairs et ne comportant aucune anomalie physique ni déficience mentale .
Himmler et sa fille, le rêve d'une "race parfaite".
2-Où ? :
 Le Lebensborn  est pratiqué dans des « Heim  » des nurseries SS installées dans des lieux souvent assez « luxueux »  généralement des manoirs ou anciens orphelinats isolés réhabilités en luxueux appartements. Les instituts du Lebensborn sont situées pour la plupart en Allemagne mais également dans des pays Nordiques tels que la Norvège, ou frontaliers de l’Allemagne comme la Belgique, l’Autriche, les Pays Bas ou encore la France.
                                        

Centre Croix-Rouge de Lamorlaye (département de l'Oise,France) , ce fut pendant la 2ème guerre mondiale une pouponnière du Lebensborn.

Carte des centres Lebensborn.
3-Comment ? : 
Alors que de nombreuses femmes allemandes ont recours à l’avortement faute de ne pas pouvoir cacher une naissance.  
Les Nazis frustrés à l’idée de perdre des « guerriers » du troisième Reich ont cherché un moyen de faire accoucher ces femmes sous X en leur permettant l’abandon de leur enfant dès la naissance. Le principe du Lebensborn était né. Avec les aléas de la guerre , de nombreuses populations furent mélangées et des de nombreux SS allemands ( ou soldats de la gestapo ) trouvèrent une compagne européenne  ( dont le fiancé était parti ) dans leurs pays d’affectations . Les couples ainsi formés pouvaient se présenter à l’organisation Lebensborn où des  rassenprufer (examinateurs de races)  les examinaient afin de vérifier s’ils était « racialement conformes » pour engendrer un enfant « parfait » selon les critères de sélection Nazie .
                   
 
 Un rassenprufer examine une femme.

La mère était ensuite accueillie environ six semaines avant le terme de sa grossesse dans le foyer Lebensborn où elle pouvait accoucher sous X. La future mère jouissait durant quelques mois du luxe que lui apportait la maison SS.  L’organisation Lebensborn était secrète et conservait les informations d’identité des enfants afin de faciliter leur germanisation en modifiant leurs identités Certains enfants étaient même arrachés à leurs familles dans  les pays scandinaves .Les enfants étaient  baptisés selon des rites nazis assez choquants. En effet, des enfants étaient baptisés avec la lame d'un couteau nazi posée sur le front dans un décor parsemé de croix gammées et des noms d’affluence Nordique leurs étaient attribués. Enfin, les mères pouvaient faire le choix d’abandonner leurs enfants ou bien de les suivre en Allemagne.  Sous la pression de l’avancée des armées Américaines, Russes et Françaises en Territoire Allemand. Les enfants issus du programme Lebensborn venus de toute l’Europe furent réunis dans les foyers les plus  isolés, tels que celui de  Hochland (en Bavière). Bientôt, les Heim, surpeuplés ne furent plus ravitaillés et  l’état  sanitaire devenait  lamentable. Un énorme autodafé fut improvisé pendant lequel, durant des heures, les registres de naissance papiers d’identité des enfants et noms des responsables furent brûlés. Au total, entre  9 000 et 12 000 enfants furent victimes de cette organisation criminelle. A la suite de la guerre, les Nations-Unies et plus particulièrement l’équipe des Nations-Unies pour les Secours et la reconstruction se chargèrent de recueillir, soigner et tentèrent d’identifier ces « enfants de la honte »qui, pour la plupart, ne reverront jamais leurs parents…                                         

 
Enfants nés dans le cadre du Programme Lebensborn.